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Avant de vous raconter son histoire.

En ces temps troublés et incertains, où les bruits de bottes résonnent à nouveau et où les canons tonnent aux portes de l’Europe, nous commémorons aujourd’hui le 80ème anniversaire du débarquement et de notre libération. Avec un profond respect et une admiration sans bornes, je pense à tous ces hommes et femmes, civils et militaires, qui ont courageusement combattu la barbarie nazie, souvent jusqu’au sacrifice ultime, pour défendre nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Chaque jour, sans même y penser, nous jouissons des libertés et des droits qu’ils ont vaillamment défendus. Ils ont consenti des sacrifices inimaginables, affronté des défis et des souffrances indicibles, et fait preuve d’une résilience et d’un courage face à la mort qui forcent l’admiration. Leur dévouement et leur bravoure sont une source d’inspiration intarissable.

Leur contribution à notre monde libre est inestimable et continuera de guider nos pas. Je tiens à les remercier du fond du cœur pour ce qu’ils ont accompli, souvent au péril de leur vie, loin de chez eux, sur une terre qui n’était pas forcément la leur. Pour tout cela, merci à toutes et à tous !

Ils étaient jeunes et joyeux avec la vie devant eux. Ils ont choisi d’affronter la peur, la souffrance et la mort. Ils ont choisi de se battre pour la liberté contre la barbarie. Nous n’oublions pas, nous n’oublierons jamais !

L’histoire d’un homme, un combattant parmi tant d’autres.

Il y a environ 80 ans, Achille Muller entamait un périple hors norme pour rejoindre le général de Gaulle. Le début d’une « grande évasion » qui allait lui permettre de s’engager dans les commandos. La nation va rendre hommage, avec la présence de Monsieur E. Macron Président de la République Française, à cet ancien combattant très impliqué dans le travail de mémoire.

Du haut de ses 99 ans, il ne se considère pas comme un héros, « les héros ne sont plus là… » C’est un porteur de mémoires, un passeur. Il continu aujourd’hui encore de témoigner, de transmettre et continu de faire vivre ses frères d’arme, ses copains de jeunesse pour la plupart morts au combat.

Achille Muller c’est lui !

Achille Muller en uniforme britannique • © photo extraite de « Nos vertes années » / Achille Muller.

Tout d’abord les livres :

« Nos vertes années » est un témoignage intense de l’exploit d’Achille Muller, un ouvrage de 116 pages, d’un format A4 (210×297 mm) sous couverture cartonnée, illustré par de nombreuses photos. La publication de ce livre permet que la mémoire perdure. En vente ICI

Et aussi,

Un livre de David Portier avec une préface d’Achille Muller.

A partir de septembre 1940, une poignée de Français Libres placés sous les ordres du capitaine Georges Bergé constitue la 1e Compagnie d’Infanterie de l’Air. Cette petite unité est rapidement rattachée au Special Air Service britannique. Entre 1942 et 1945, elle comptera jusqu’à un millier de Français qui interviendront en Egypte, en Crète, en Libye, en Tunisie, en France, en Belgique ou en Hollande pour harceler les Allemands derrière les lignes de front et semer le chaos chez l’ennemi. Autant de destins individuels qui permettront de détourner le cours de l’histoire et d’écrire les pages de bravoure de l’unité française la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale, une unité dont le ter Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine est aujourd’hui l’héritier. Plus de 600 photos et illustrations. En vente ICI

Je vous raconte son histoire !

Ce 14 juillet 1942, Rue des Moulins à Forbach, un jeune homme de 17 ans enfourche son vélo. Il s’appelle Achille Muller et vient de prendre une décision lourde de conséquences. Dans cette Moselle annexée, il sait que, dans quelques mois, il sera incorporé de force dans l’armée allemande. Une perspective à laquelle il ne peut se résoudre. « J’ai dit à mon père qu’il n’était pas question de servir le IIIème Reich. Et que puisque j’avais l’âge de porter un uniforme, je porterais celui des forces françaises qui combattaient encore », raconte Achille Muller. Pour éviter toute mesure de représailles à l’encontre de ses parents, il rédige une lettre indiquant qu’ils ne sont pas au courant de son initiative et qu’il part contre leur volonté. Un long voyage débute alors pour rejoindre Londres.

Achille Muller sur son vélo • © photo extraite de « Nos vertes années » / Achille Muller

Le périple vers l’Angleterre s’annonce particulièrement dangereux. Il faut dans un premier temps quitter le territoire du Reich. Achille a un oncle qui tient un café à Gravelotte. Il parvient à rejoindre la France occupée et se présente à des gendarmes qui l’aident à prendre un train.

J’ai eu énormément de chance !

Franchir la ligne de démarcation. « J’ai eu énormément de chance », reconnait Achille Muller. Une chance qui l’accompagne encore dans le Doubs, au moment de franchir la ligne de démarcation. Dans un hôtel-restaurant, il fait la connaissance d’un passeur. Son vélo lui sert de monnaie d’échange.

En zone libre, il se rend à Lyon où il trouve un emploi pour pouvoir payer son passage vers l’Espagne. Mais la guerre le rattrape. Suite au débarquement de troupes américaines et britanniques en Afrique du Nord, les Allemands occupent tout le sud de la France.

Fin 1942, alors qu’il a établi des contacts avec la Résistance, Achille Muller est à Perpignan. Il franchit la frontière espagnole à pied. Une traversée des Pyrénées dans la neige et le froid avec un passeur qu’il soupçonne de vouloir le livrer à la Guardia Civil. Avec le risque d’être pris par les autorités franquistes espagnoles et d’être remis aux Allemands. La guerre civile a laissé des traces et c’est grâce à l’aide d’activistes républicains, et à sa bonne fortune, qu’Achille commence à traverser l’Espagne.

Les consulats anglais et américains l’abritent. Sa maîtrise de l’allemand l’aide à se faire passer pour un citoyen du Reich. Il finit par rejoindre Algesiras, et Gibraltar. Un territoire britannique où il peut, après plusieurs péripéties, trouver un navire lui permettant d’atteindre l’Angleterre.

Le parcours d’Achille Muller pour rejoindre Londres depuis Forbach • © Claude Mangin / France 3 Lorraine

Ce parcours périlleux intrigue à son arrivée sur le sol anglais. Comment ce jeune homme qui parle allemand, a-t-il pu quitter le territoire du Reich, traverser plusieurs frontières très surveillées et des pays « amis » des nazis sans se faire prendre ? Soupçonné d’être un espion, l’insoumis forbachois passe près de trois mois entre les mains des services de renseignement britanniques avant de pouvoir s’engager dans les Forces Françaises Libres.

J’ai choisi d’être un voyou !

Achille demande à rejoindre les parachutistes au sein du Special Air Service. « On m’a dit que ce n’était pas pour moi. Que j’étais issu d’une bonne famille et que chez les parachutistes il y avait beaucoup de voyous. J’ai choisi d’être un voyou ! », raconte-t-il avec un sourire.

Un bandeau « France » cousu sur son uniforme britannique, il intègre le 4ème S.A.S et entame un entraînement de plusieurs mois en Écosse. Comme ses camarades, Achille apprend à sauter en parachute, découvre le maniement des armes, le lancer de grenades, la pose d’explosifs en tous genres. Ils apprennent à frapper, s’échapper et frapper encore. Des techniques de guérilla qu’ils espèrent utiliser très bientôt sur le sol français.

Achille Muller (au premier rang) au sein de la section Marienne lors de leur entraînement en Écosse en 1943. • © photo extraite de « Nos vertes années » / Achille Muller

Pour beaucoup de S.A.S français, le « Jour J » arrive dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Des parachutistes sont envoyés en Bretagne avec pour mission d’empêcher l’envoi de renforts allemands qui pourraient compromettre les chances de succès du débarquement allié en Normandie. Mais Achille, pilote de jeep, ne fait pas partie de cette vague et ronge son frein. Il lui faut attendre la nuit du 5 août pour être largué par planeur au dessus de la lande bretonne.

C’était un bonheur indescriptible de revenir en France !

« Lorsque j’ai touché le sol, j’ai sauté de ma jeep et j’ai embrassé la terre de France. », raconte Achille Muller. « C’était un bonheur indescriptible de revenir dans ce pays qui avait été conquis par les nazis. Surtout pour moi qui avait été allemand contre mon gré. »

Appuyés par des résistants bretons, les commandos harcèlent les unités allemandes et mènent des opérations de reconnaissance qui facilitent la progression des troupes américaines. Ils font de nombreux prisonniers et participent à la libération de la Bretagne. Le 8 août, les S.A.S et les F.F.I défilent dans les rues de Vannes. La jeep d’Achille, « la Vengeuse », ouvre le cortège. A ses côtés, le commandant Bourgoin, chef du 4ème « bataillon du ciel ». Un moment de fierté pour le Forbachois qui n’oublie pas pour autant d’autres épisodes moins glorieux comme ce jour où il a du intervenir pour arrêter des « résistants de la dernière heure » en train de tondre des femmes sur la place d’un village.

La jeep d’Achille: « La Vengeuse » • © photo extraite de « Nos vertes années » / Achille Muller

Après les combats en Bretagne, Achille Muller est envoyé au repos en Angleterre. Il participe ensuite, en avril 1945, à l’opération AMHERST aux Pays-Bas. Après guerre, il décide de rester dans l’armée et connaît d’autres campagnes : en Indochine, où il est fait prisonnier, puis en Algérie. Un parcours qui lui a valu plusieurs décorations, dont la médaille de la Résistance et la Croix de Guerre 39/45. Il a par ailleurs été fait Grand Croix de la Légion d’Honneur le 14 juillet 2016.

Achilles Muller raconte lui même son incroyable parcours de guerre

« Les jeunes sont fascinés par son parcours ! »

Gérard Glacial, pdt du Musée de la Résistance de Pau.

Aujourd’hui et depuis quelques années, c’est un autre combat qu’il mène : celui de la mémoire. Vivant aujourd’hui près de Pau, le colonel Muller intervient régulièrement dans des établissements scolaires de la région. « Les élèves ont, pour certains, l’âge qu’il avait au moment où il a entamé son périple pour Londres », indique Gérard Glacial, président du Musée de la Résistance des Pyrénées Atlantiques. « Nous leur montrons un film sur son parcours. Ils sont fascinés. Et quand il fait son entrée pour raconter lui-même son histoire, ils n’en reviennent pas. »

Infatigable témoin, Achille Muller continue à raconter son histoire à 97 ans • © Christophe Braban / association VPMA

Aujourd’hui âgé de 99 ans, Achille Muller tient à témoigner :

« Nous nous empressons, par devoir, de transmettre notre vécu aux jeunes générations. Ma crainte serait que ces jeunes connaissent ce que nous avons connu. »

Une volonté sans faille qui force l’admiration des élèves mais aussi de tous les parachutistes pour qui « le colonel » est une légende vivante.

Achille Muller est un exemple à suivre !
Christophe Braban, ancien parachutiste

« Il est un exemple à suivre. Ce sont des gens comme lui qui m’ont donné envie de m’engager dans l’armée », indique Christophe Braban. Cet ancien parachutiste dirige la Veteran Paratroopers Motorcycle Association. Une association d’anciens paras, tous motards. « Nous connaissons Achille Muller depuis dix ans et l’avons fait membre d’honneur. Nous voulions lui rendre hommage de façon originale et faire connaître son histoire alors que cela va faire 80 ans qu’il a entamé son voyage pour Londres. »

Ils sont là, les fantômes de ma jeunesse !

 

« Ils sont là les fantômes de ma jeunesse ». Achille Muller rend un vibrant hommage à ses compagnons d’arme lors de la commémoration pour les Résistants Bretons ce 5 juin 2024 à Saint-Marcel.

 

Cher Monsieur Muller, je tiens à saisir cette occasion pour vous exprimer, ainsi qu’à vos frères d’armes, mon plus profond respect et ma gratitude éternelle. Votre engagement, votre courage et votre détermination à défendre notre France, nos valeurs et nos libertés face à la barbarie nazie sont des exemples de bravoure qui resteront gravés dans nos mémoires. Vous avez risqué votre vie, sacrifié des années de jeunesse et vu tomber des camarades dans votre combat contre l’infamie et l’horreur nazie. Votre dévouement et votre héroïsme sont une source d’inspiration pour nous tous. Je suis profondément honoré et fier que notre nation vous rende hommage, à vous et à vos compagnons, à l’occasion de ce 80ème anniversaire de notre libération. Votre sacrifice et votre bravoure ont changé le cours de l’histoire et nous vous en serons éternellement reconnaissants.

Merci pour tout ce que vous avez fait. Vous entrez dans l’Histoire pour toujours.

Avec respect. Éric.