Mis à jour le : 12/10/2025 à 10:16
Pour changer un peu de la radio, nous avons aujourd’hui au menu : La science vs la philo !
Science : réalité objective ou construction humaine ?
La science décrit le monde à l’aide de la logique et du langage mathématique. Mais la réalité qu’elle expose est-elle une structure objective que nous ne faisons que découvrir, ou une histoire que nous construisons pour donner un sens à notre existence et/ou une cohérence à notre monde ? Des constantes physiques à la logique de 1+1=2, qu’est-ce qui relève de l’invention ou de la vérité fondamentale ? Mon mini article s’articule autour d’une idée simple : le nœud du problème se dénoue en séparant clairement ce qui appartient à l’ordre intemporel du cosmos et ce qui relève de l’interprétation, forcément humaine, que nous en avons. Mon opinion est faite…
Le Choc des idées : quand la philosophie se heurte à la « réalité » scientifique, ça plafonne sévère. 🤯
De nombreux philosophes ont affirmé avec force que la réalité était fondamentalement liée à la perception ou à la conscience humaine. Cependant, leurs thèses se heurtent à une limite majeure : l’existence de lois naturelles universelles et objectives.
Quelques exemples rapides :
Philosophe/Courant | Thèse principale | Limite de la thèse (selon moi…) |
Protagoras | « L’homme est la mesure de toutes choses. » | Relativisme extrême : les lois naturelles sont universelles et indépendantes de la perception humaine. |
David Hume | La causalité n’est qu’une habitude de l’esprit, pas une nécessité. | Psychologisme : la causalité physique (gravité, etc.) existe indépendamment de notre psychologie. Hume sous-estime la nécessité ontologique. |
George Berkeley | « Être, c’est être perçu. » | Idéalisme radical : les objets et les lois physiques existent même sans une conscience pour les observer. Il ignore la réalité ontologique des équations et lois physiques. |
Kant (extrêmes) | Nous ne connaissons jamais la « chose en soi », seulement les phénomènes filtrés par notre mental. |
Filtre trop puissant : toute intelligence rationnelle découvrirait les mêmes lois, donc partiellement accessibles indépendamment des catégories humaines. |
Postmodernes radicaux | Toute connaissance est une construction sociale ou un discours de pouvoir. | S’applique à l’interprétation humaine, mais pas aux vérités universelles (mathématiques, physique). |
Clarifier la confusion fondamentale
Selon moi, l’erreur commune à toutes ces approches est de ne pas faire la distinction entre deux plans différents. En clair : ils mélangent le plan ontologique (ce qui est) et le plan épistémologique (comment nous savons ce qui est). Cette confusion est la clé du problème. Voyons comment essayer de résoudre ce problème :
Ce qui résiste à l’épreuve :
- Les lois fondamentales sont universelles (physique, mathématiques). Elles existent indépendamment de toute conscience.
- Les connaissances et interprétations humaines sont conditionnées par notre biologie, notre culture et notre histoire.
Ce qui s’effondre :
- L’idée que la vérité n’existe que dans un esprit humain (Berkeley, Protagoras).
- La négation de toute causalité universelle dans le réel (Hume).
- L’affirmation que nos structures cognitives nous coupent totalement de la réalité, la rendant inaccessibles (Kant, version extrême).
Donc ils se mélangent les pinceaux entre le plan ontologique (les lois sont universelles) et le plan épistémologique (comment nous, humains, les découvrons).
Les 3 piliers d’une réalité universelle (pas virtuelle…)
Ma réflexion repose sur trois piliers qui permettent de concilier l’objectivité des lois et la subjectivité de leur découverte.
1. L’Universalité des lois (Le plan ontologique)
Les vérités fondamentales (physique, mathématiques, chimie) existent en soi. Que ce soit un humain, une intelligence extraterrestre ou une IA avancée qui les étudie, ces lois restent identiques : la gravité attire, , et 1+1=2. Le réel impose sa structure.
2. La diversité des chemins (Le plan épistémologique)
Chaque conscience (humaine ou non) dispose de capacités sensorielles, cognitives et culturelles différentes. Elle choisira donc des méthodes, des notations et des expériences variées pour découvrir ces lois universelles. Par exemple une entité intelligente et consciente qui voit dans l’infrarouge aura un « laboratoire naturel » différent du nôtre, mais il étudiera les mêmes interactions énergétiques.
3. La convergence nécessaire
Malgré la diversité des chemins, le résultat final converge inévitablement, car les lois sont universelles et invariantes. Une intelligence rationnelle ne peut pas « fausser » le résultat sans se heurter au réel. En une métaphore : tous les explorateurs empruntent des sentiers différents, mais ils gravissent la même et unique montagne.
Humain et au-delà de l’humain : La science dans une perspective cosmique
L’objection la plus courante est de penser que sans l’homme, ces lois n’existeraient pas. C’est un anthropocentrisme que l’on peut dépasser.
Affirmer que les équations n’existeraient pas sans l’homme, étant donné que personne ne les formulerait présuppose qu’aucune autre forme de vie intelligente n’existe. La nuance est donc fondamentale : humain n’est pas synonyme de conscience ! Même si elles existent seules, les lois de la nature ne se formulent pas toutes seules ; elles demandent un observateur doté de raison. Mais cet observateur peut être :
- Humain (notre civilisation scientifique).
- Extraterrestre, si une autre espèce a développé des mathématiques ou équivalent.
- Artificiel, si une IA consciente parvient un jour à une autonomie scientifique.
- Indéfini, encore inconnu
Cela renforce une vision cosmique du réalisme platonicien : les vérités mathématiques et physiques sont universelles et découvrables par tout esprit rationnel quel qu’il soit, et si elles sont « découvrables » c’est bien qu’elles existaient au préalable. Comme le disait Galilée, « les mathématiques sont le langage avec lequel Dieu a écrit l’univers ». Un physicien extraterrestre pourrait utiliser d’autres symboles, mais il arriverait aux mêmes structures fondamentales : la relativité, la mécanique quantique, les lois de la thermodynamique. La « grammaire » du cosmos reste la même.
Ma conclusion : le cosmos, la conscience et la science
- La distinction entre les lois, leur découverte et leur usage permet de tout clarifier.
- La science n’est pas « humaine » par essence ; elle est le miroir du réel, découvert et traduit par une conscience rationnelle.
- La science est universelle, mais la science humaine est contingente : notre manière de découvrir et de formaliser les lois reflète nos limitations biologiques et culturelles.
- L’existence d’autres intelligences ne remettrait pas en cause les lois elles-mêmes, mais pourrait enrichir les perspectives et représentations de celles-ci.
- La neutralité morale de la science reste toujours conditionnée par la conscience qui l’utilise, peu importe l’espèce.
Les vérités logiques existeraient sans nous (humains), car, selon moi, si l’humanité disparaissait demain, la relation
ou E=mc² ou encore les symétries fondamentales de l’univers par exemple, resteraient objectivement valides.👉 Donc, encore une fois, pour moi ces vérités ne dépendent pas de notre existence biologique ou culturelle.
C’est la position réaliste platonicienne, ma position, c’est à dire : les lois de l’univers sont une réalité objective, et la science ne fait que les décrire. Ces lois existeraient même sans nous. Et c’est ce que croyait aussi Roger Penrose, S.Hawking ou même A. Einstein quand il disait : « Le plus incompréhensible dans l’univers, c’est qu’il soit compréhensible. » Donc oui, pour moi, la science décrit ce qui est, indépendamment de nous. Les équations ou plutôt ce qu’elles décrivent, existeraient sans l’homme. On pourrait rétorquer : OK, mais en l’absence d’observateur, qui les formulerait, les interpréterait, les utiliserait ? Attention au piège de l’anthropocentrisme. Dire que sans l’homme, ces équations ne seraient que des lettres mortes, c’est présupposer que nous sommes les seuls êtres intelligents de l’univers. C’est un pari audacieux et impossible à prouver pour le moment. Ma conclusion est donc que : la science n’est pas la propriété de l’Homme. Elle est le potentiel de toute intelligence capable de rationalité. Croire que sans nous, personne ne pourrait comprendre ces lois. C’est voir le monde à travers un prisme purement humain. Donc tant que l’univers sera, les lois de cet univers seront, humains ou pas.
Déjà, on oublie souvent qu’il pourrait y avoir d’autres « joueurs » que nous dans l’univers !
Ensuite, l’univers peut-être « compréhensible » par les humains, mais il n’attend pas forcément un cerveau humain pour l’être.
Je conclurai sur ces quelques mots : ne confondez jamais la science avec l’usage qu’on en fait ! Oui, la science est faillible. Et paradoxalement, c’est précisément ce qui fait sa force. La science ne dicte rien ; elle décrit simplement le réel, dans les limites de ce que notre esprit peut en saisir. Par essence, elle est neutre : elle n’est ni morale, ni immorale. Ce n’est qu’un outil de compréhension, au même titre qu’un marteau, et, comme tout outil, il ne devient dangereux que dans les mains de celui qui s’en sert. Tocqueville aurait sans doute observé que l’histoire montre combien l’homme finit toujours par détourner l’outil à son profit et donc d’utiliser le marteau comme une arme.
Et Perceval, lui, conclurait sobrement : « C’est pas faux ! » 😏
Sur ces bonnes paroles, 73 à tous.
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