Étonnant ! Silencieux depuis 4 ans et demi, le nano-satellite PicSat vient d’envoyer des signaux radio, captés par la communauté radio-amateur… Notamment par Vladimir Chyorny EU1SAT de Minsk en Biélorussie (KO33ru).
Conçu et fabriqué au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (Lesia), PicSat avait été lancé à bord d’un lanceur PSLV indien le 10 janvier 2018. Il avait pour seul objectif d’étudier en continu l’étoile Bêta Pictoris grâce à un télescope de seulement cinq centimètres de diamètre. Le but était d’observer un éventuel transit de sa planète géante. Mais le signal avait disparu au bout de 2 mois et l’équipe du projet s’était résolue à cette fin prématurée du satellite. Autour de Sylvestre Lacour, responsable de la mission, l’équipe — en grande partie dissoute — s’est de nouveau mobilisée dans l’urgence pour rétablir une communication montante. Actuellement, PicSat se trouve à 480 kilomètres d’altitude.
Vlad Chorney
Sylvestre Lacour : « Oui. C’est visiblement Vlad Chorney (Vladimir Chyorny ?) (@EU1SAT) qui a twitté le premier hier disant qu’il a entendu Picsat. C’est son tweet qui nous a alertés. On voudrait remercier la communauté des radio amateurs sans laquelle on ne serait pas au courant de la rémission de Picsat. Et on remercie aussi ceux qui suivent notre satellite et récupèrent les télémétries que nous ne sommes pas actuellement en mesure de capter. »
INFO : Bêta Pictoris b est une planète découverte en 2009 par une équipe française dirigée par Anne-Marie Lagrange. Cette planète gazeuse géante est sept fois plus massive que Jupiter et tourne autour de son étoile à 1,5 milliard de kilomètres de distance, comme Saturne autour du Soleil. Elle se situe à 63,4 années-lumière de la Terre. C’est pas la porte à coté.
Images de PicSat
Images de PicSat
Pourquoi observer ce transit depuis l’espace plutôt qu’avec les grands télescopes terrestres ?
Sylvestre Lacour : De l’espace, les observations sont possibles 24 h sur 24. De plus, l’absence d’atmosphère rend la mesure photométrique plus précise : on n’a pas l’effet de scintillation.
Comme quoi être radioamateur en plus du plaisir de communiquer, la technique et le savoir participent au progrès scientifique. Sans oublier que le temps et l’argent de cette opération étaient perdus, c’est économiquement un vrai plus pour les initiateurs du projet. C’est sûr, c’est un R.A de « haut vol », universitaire, spécialiste en radiocommunication, du coup ça aide un peu… Bravo à lui.